02/02/2009 | Le Linquenda
Le lendemain, première vraie journée de navigation. Lever aux aurores, au grand désespoir du gars de l'avitailleur, pas bien frais à cette heure. Après un plein quelque peu épique, vu les vagues qui nous soulèvent d'un bon mètre à chaque à-coup, Georges prend le macaron pour opérer une traversée énergique du traffic, un rien délicate, et c'est parti!
Un peu rectiligne, ce RinjKanaal, heureusement qu'il y a un peu de monde sur l'eau, et que la première écluse se pointe à l'horizon. C'est le cas de le dire: un espèce de monument, capable d'ingurgiter sans sourciller quatre de ces monstres de 110m par 10m. Malgré le double sas, les feux sont rouges: une fois l'erre épuisée, nous rectifions simplement la dérive en mettant un coup de moteur de temps en temps, à bonne distance des portes. Pas la place qui manque...
C'est aussi ce qu'à dû se dire le capitaine du Linquenda, 3000t au garrot, qui se paye le luxe de nous trémater devant l'écluse, à la française.
Comme l'interminable coque n'en finit pas de passer, et que nous nous en rapprochons gentiment par l'avant, je vais devant pour me faire une idée de la distance restante. Le temps d'y arriver, je gueule un grand coup "arrière!" à Georges qui est aux commandes, gestes à l'appui. Et je sens Ondine prendre son élan et venir heurter rudement le mastodonte, alors que je me cramponne à la main courante...
Il faut dire que l'inverseur se commande par un antique levier au plancher, qui est lui-même... inversé. Ainsi Georges, en bon navigateur, avait anticipé et mis par réflexe la marche arrière lente, avant de tourner la non moins antique moulinette des gaz à mon signal épouvanté. Oubliant que le bateau allait déjà de l'avant.
Comble de malchance, nous étions tombé sur un spécimen de marinier hollandais nouvelle génération, particulièrement procédurier. Après arrimage à la bestiole, il a fallu déballer la paperasse, en m'expliquant en anglais avec un jeune heureusement moins mal embouché que son patron. Tout ça pour une éraflure grande comme la main, à peine visible, quand de notre côté la peinture était à peine marquée malgré quelques affaires au tapis (je n'en revenais pas de la solidité de mon bateau).
Bref, le gaillard appelle mon assurance, par chance Belge et donc néerlandophone, je me fends d'une bonne bouteille de Pomerol pour arrondir les angles, si je puis dire, et nous nous dirigeont vers l'écluse à sa suite. Alors qu'Ondine passe timidement sous une porte à guillotine de deux bons mètres d'épaisseur, le Linquenda n'en finit pas de couper ses moteurs. C'est que l'animal est joueur: comme nous arrivons à son niveau en longeant le bajoyer opposé, prêts à nous amarrer, un violent bouillon d'hélice nous envoie contre le béton à deux reprises, nettement plus violement cette fois que lors de l'abordage.
Ce sera le seul con que nous rencontrerons lors du voyage. Mais un vrai...
08:04 Publié dans 3- Le convoyage, partie Hollande/Belgique | Lien permanent | Commentaires (0)
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